Nightmare Alley

 


Cela faisait deux semaines ou trois que je n'y étais pas allé,le froid agressif de Paris n'avait pas eu raison de mon ardent désir. Une fois encore dans la pénombre embrumée de Paname j'allais céder. Une dernière bouffée, le mégot écrasé sous ma semelle; il est temps. J'ai une pensée pour ma petite metisse latine de Lorraine peut-être ne la reverrais plus; mais c'est le boulot.
Je cache mon visage derrière le masque et je m'avance nonchalamment vers les portes automatiques, le vigile blasé d'ennui lève à peine la tête, je passe rapidement les contrôles ,il est 19h39,je n'ai plus qu'une minute pour y arriver,j'emprunte l'escalator,mes vêtements chauds qui me protégeaient à l'extérieur sont ici superflus et m'emcombrent,le stress accélère mon rythme cardiaque,les dernières portes passées je parvient péniblement dans l'obscurité complète à ne pas trébucher.
"Allez coco tiens bon. Ce n'est pas la première fois que tu fais ça." Me dis je en mon fort intérieur.
Je me dépêche de me débarrasser de ma doudoune et de mon pull,j'ouvre la poche de mon sac à dos, le bloc notes et le stylo...pas de bouffe ce soir, je n'ai pas eu le temps...le film a intérêt à être à la hauteur,un connard sans nourriture devant un film approximatif ca peut vite tourner en eau de boudin, voyons ce que Mr Del Toro nous propose avec son :
"Nightmare Alley".
Dès le départ tout est mis en place et l'atmosphère servie par une photographie impeccable nous saisit instantanément. Tout est parfait d'ailleurs dans la photo. Le travail des couleurs, l'exposition,les ombres ,les filtres,chaque fragment de lumière ou d'ombre contribue à distiller une image d'une beauté des plus rares.
Les mouvements de caméra sont extrêmement précis, tout est orfèvrerie et maestria. Des plans magnifiques qui parfois génèrent de vrais orgasmes rétiniens et cinématographiques. J'ai beaucoup aimé la façon pittoresque avec laquelle il filme et nous présente cet univers, on sent une réelle et belle sensibilité et de l'affection par moment dans ce qui nous est transmis. La deuxième partie est égale à la première en terme de qualité et il sait faire evoluer sa façon de filmer sans nous perdre ni nous ennuyer, le rythme frôle la perfection. La mise en en scène est excellente,le souci du détail transparaît jusqu'aux ongles de Cate Blanchett lesquels ont un style qui correspond à ce qui se faisait à l'époque.  . Tout cela sans fioritures, rien d'inutile ou de superflu tout à un sens clair et sers l'intrigue et les personnages.
L'intrigue...un roman noir comme j'en ai dévoré des centaines et dont je ne me lasse toujours pas lorsqu'ils sont si bien façonnés. J'ai même retrouvé un peu du "Facteur sonne toujours deux fois" et du James Hadley Chase dans la façon de nous faire nous attacher au personnage, lui en vouloir de ses choix et finir par être spectateur pervers se délectant de son tourment. Les rebondissements viennent toujours à point nommé et de façons variées pour donner envie d'en voir ou d'en lire plus. L'écriture des personnages est aussi parfaite que le reste, juste en une scène on parvient à situer tout le monde et par bribes bien amenés à donner une vraie profondeur aux protagonistes. Je dirai que c'est riche sans être tappe à l'oeil et ça sait être généreux sans hypocrisie.
Le casting est une équipe qui transpire le professionnalisme et qui connaissent leur métier...ça envoi du très lourd, les acteurs sont tous cinq étoiles. Mention à Willem Dafoe qui est une fois de plus magistral, ce type est un putain de grand acteur. Et que dire de Cate Blanchett ? J'ai l'impression qu'elle s'améliore et elle me surprend à chaque film, franchement Madame...chapeau bas.
Bradley Cooper est le quarterback et Dieu qu'il joue bien son rôle et endosse ses responsabilités, il mérite une nomination pour ce qu'il a livré comme prestation. Le reste du cast est également à un très haut niveau, David Strathaim est extraordinaire, Toni Colette est d'une justesse époustouflante...toute la distribution est au-delà de toute espérance, personne ne dénote ou ne dissone, tout est au diapason d'une direction d'acteur orchestrée par un maître.
Ni le pop-corn ni le coca zero ni même mon shaker ne m'ont manqué. J'ai même par souvent délaissé mon bloc notes et me suis laissé emporter par le delice du 7ème art qui s'offrait à mes yeux.
La seule chose qui pourrait ternir un peu la toile, et encore c'est vraiment du chipotage, ça manque un peu de plan séquence virtuose, mais vraiment là je fais mon connard.
Ca vaut le prix de la place et même plus cher et ça vaut le prix du blu ray en plus à sa sortie.
Je met 8,5 non en fait je met 9/10 faut pas deconner mais bon je ne suis qu'un connard qui donne son avis.

Joseph Ali 

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